20 septembre 2011, lancement de la revue dans l’amphithéâtre de paléontologie du Muséum national d’histoire naturelle.FL (forum) :
Q1 : Cécile Breton, vous êtes rédactrice en chef et directrice de publication de la revue ESpèces, pouvez-vous nous raconter votre parcours et quelles ont été vos motivations pour créer cette revue ?Cécile Breton :
J’ai fait des études d’art jusqu’en licence, puis d’anthropologie et d’archéologie protohistorique jusqu’en DEA (c’est Master II). Le reste de mon parcours doit beaucoup à la sérendipité mais, avec le recul, je me rends compte que ce qui l’a toujours dirigé c’est bien la conviction que la diffusion scientifique avait un rôle déterminant à jouer dans l’espace social.
Au cours de mes études j’ai pu me rendre compte de l’incroyable l’écart qui existait entre l’état réel de la recherche et les connaissances du grand public (et même, dans une moindre mesure, des chercheurs d’autres disciplines). Il y avait dans l’esprit des gens une sorte de grand vide entre Lucy, popularisée par Y. Coppens, et la conquête romaine ! Je jugeais terriblement dommage que l’on ne porte pas à la connaissance de tous nos savoirs sur ces périodes fascinantes et méconnues, alors qu’il est si facile d’intéresser les gens, et notamment les enfants, aux découvertes archéologiques.
En plus, c’était les débuts d’Internet et ce nouveau média avait été pris d’assaut par les originaux qui y ont vu très rapidement l'occasion de diffuser leurs théories fumeuses sur la construction des pyramides par les extraterrestres. Les sites sérieusement documentés n’existaient pas encore et ont mis beaucoup de temps à se mettre en place.
À partir de ce moment, j’ai cherché à utiliser à peu près tous les moyens que je trouvais sur ma route : le web mais aussi l’image de synthèse qui permettait de reconstituer des sites disparus ou le journalisme dans la revue Archéologia. Jusqu’à ce que je sois engagée par un éditeur spécialisé en archéologie et que je découvre le « papier ». J’y ai acquis suffisamment de connaissances pour créer un premier trimestriel de vulgarisation scientifique, Stantari, qui réunissait sciences humaines et naturelles et était centré sur la Corse. C’était aussi l’occasion de quitter Paris pour aller y vivre ! Lorsque Stantari a cessé de paraitre, dix ans après, j’en ai profité pour réaliser un vieux rêve, créer une revue « d’histoire naturelle ». Le contexte s’y prêtait, les débats sur la question environnementale envahissaient le débat public et encore une fois, le manque d’information scientifique laissait un vide très vite comblé par, entre autres, les climatosceptiques. C’est ainsi qu'Espèces est née en 2011.
Ensuite si j’aime les sciences, j’aime aussi les bêtes (je le précise, car certains pensent que c’est incompatible). Je les trouve merveilleusement belles (même les plus moches !) et fascinantes par ce qu’elles ont à nous apprendre sur la vie et, bien sûr, de nous-même grâce aux liens de parentés et aux interactions qu’elles ont avec nous. Découvrir le vivant est un plaisir en soi, mais c’est aussi le meilleur moyen de le conserver.
Réunion du conseil scientifique en 2014 à Calvi avec : François Bonhomme, Cécile Breton, Arnaud Rafaelian, Pascal Picq, Bruno Corbara, Guillaume Lecointre, Élisabeth Dubois-Violette et Marc Cheylan.